Psycho : juge du net

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître (Charles Aznavour – La Bohême) ; un temps durant lequel il n’y avait pas tant à lire et permettait de lire l’entièreté des lignes et évitait une lecture transversale entraînant bien souvent une interprétation des données. Il était un temps où de nombreux magazines comportaient une page de Courrier des lecteurs, une page pour laquelle les lecteurs devaient prendre leur plus belle plume et séduire les rédacteurs pour espérer y laisser un message. La méchanceté gratuite était limitée. Les textes étaient triés sans doute aussi avec parfois une certaine injustice mais limitait la transmission impulsive et sans grande réflexion qui s’abrite derrière une certaine Liberté d’expression

Je n’ai fait celle-ci plus longue que parce que je n’ai pas eu le loisir de la faire plus courte (phrase attribuée à Blaise Pascal)

Il était un temps où seules les rédactions travaillées plus longuement pouvaient espérer persister et être publiées. Il n’y avait alors que peu de raccourcis mal rédigés et plus facilement interprétables (…).

Le sage tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler (Bible – Salomon) – Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît (…)

Le juge est d’abord bien souvent un impulsif qui a une connaissance limitée d’un sujet voire une méconnaissance totale, un esprit d’observation tronqué par de nombreuses influences, et qui s’empressent de donner un avis avec subjectivité (et donc avec peu ou sans aucune métacognition). Cette personne n’a pas forcément de mauvaises intentions car parfois tout simplement agacée par sa vision blessée, orientée voire manipulée ce jour-là mais parfois cette vision limitée est le fruit d’un parcours d’une vie bien malheureux qui entraîne des réactions vives mais parfois regrettées par la suite. Ce qui n’excuse pas tout…

Dans ce dernier cas et dans d’autres, il s’agit bien d’un ensemble de frustrations non résolues qui amènent à un volonté de blesser autrui pour rabaisser l’Autre et se donner l’impression -de courte durée- d’avoir de l’influence ou de l’importance. Dans d’autres cas, plus malsains encore, nous pouvons parler de manipulations perverses comme celles de ceux disposant de peu d’empathie qui animent des émissions telles que Touche pas à mon poste ou qui usent d’un brin de pouvoir pour rabaisser l’Autre régulièrement (…). Ceux qui aiment ce type d’émissions sont bien souvent également juges mais pas forcément par frustrations mais pour appartenir par pure grégarité au clan de leur maître à penser (…).

Les paroles s’envolent, les écrits restent (Horace – Verba volant, scripta manent).

Accorder de l’importance à la parole de ces juges toxiques, qui oublient ou ne comprennent pas qu’ils laissent des traces à vie dans la mémoire du net et parfois dans celles d’âmes sensibles (ou sensibilisées), permet d’entretenir le manque de capacité d’analyses objectives de ceux-ci. Nous sommes tous juges et, en écrivant ces lignes, nous nous posons également comme juges mais sans doute comprendrez-vous que nous ne blesserons nous que ceux qui tentent de blesser…

Il est inutile de plaire aux juges rapides que certains appellent des haters, il y aura toujours plus de gens blessés et d’imbéciles que de personnes de bonnes intentions tant qu’on leur accorde une audience…

à suivre

(…)

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