Psycho : complotisme et conspirationnisme
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Le complotisme fait référence à la tendance à interpréter les événements majeurs (politiques, sociaux, économiques, etc.) actuels comme étant le résultat d’un complot, c’est-à-dire d’une action planifiée et cachée menée par un petit groupe d’individus, souvent malveillants et puissants, dans le but de nuire ou de manipuler les populations.
La manipulation n’est pas totalement comparable à celle des personnes dites toxiques voire narcissiques. Il faut d’ailleurs distinguer le conspirationniste manipulateur créateur du mensonge de celui qui adhère à cette croyance tout comme dans le négationnisme voire dans les religions dont nous parlerons en partie dans la page liée aux titres professionnels et de noblesse.
Le conspirationniste se base sur plusieurs approches:
Rejet des explications officielles ou consensuelles :
Les complotistes doutent fortement des versions des événements données par les institutions (gouvernements, médias traditionnels, scientifiques, etc.) présentes et passées.
Recherche d’une intention cachée :
L’idée centrale est que rien n’arrive par accident et que les événements sont toujours le fruit de volontés secrètes voire machiavéliques.
Vision d’un monde contrôlé :
Souvent, le complotisme repose sur la conviction que la réalité est manipulée par des forces occultes (sociétés secrètes, État profond, élites, etc.).
Logique de la preuve :
Les tenants du complotisme ont tendance à chercher des preuves pour confirmer leur croyance initiale –biais de confirmation pour les plus honnête- en privilégiant souvent des informations non vérifiées ou sorties de leur contexte, plutôt que de suivre la démarche scientifique qui consiste à tester une hypothèse contre des faits. Les personnes qui le font délibérément le font pour accroître la confusion entre corrélation et causalité.
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Rhétorique complotiste :
Monsieur Antonin Atger (LinkedIn), spécialiste de la désinformation, divise la rhétorique complotiste en fonction des trois principes fondateurs de la rhétorique : l’éthos, le pathos et le logos.
Ethos
L’éthos correspond aux caractéristiques de la personne énonçant le propos, pour convaincre.
Dans la rhétorique complotiste, l’éthos va se baser sur une ambivalence. La personne qui parle est A la fois experte ET rejetée du système. C’est un professeur reconnu, MAIS rejeté par ses pairs.
L’éthos complotiste va donc jouer à la fois sur les outils du système et sur son opposition : légitimité intellectuelle, rejet social.
Nous retrouvons ça d’ailleurs dans la politique. Donald Trump est à la fois une personne qui a réussi au sens classique du terme – il est milliardaire, et en même temps il se positionne comme antisystème.
Pathos
Le pathos consiste à faire appel aux émotions pour convaincre.
La rhétorique complotiste se base beaucoup là-dessus. Il y a souvent un sentiment d’urgence de menace pour la société (« grand remplacement » / « contrôle par les vaccins »). Les mots choisis sont très souvent chargés émotionnellement « Great Reset », « the Swamp », etc.
Est également présent ce que l’on appelle la logique du black and white, le blanc ou noir, qui est à la fois un argumentaire logique et émotionnel. Les personnes complotistes ont davantage tendance à considérer le monde de manière binaire. Les bons, les méchants. Le blanc, le noir. Beaucoup de politiciens usant de la rhétorique complotiste vont jouer sur cette dichotomie. « Dans le monde des ténèbres, j’apporte la lumière. ». Il y a l’horreur de monde réel et la rédemption via le sauveur providentiel – souvent on trouve un écho religieux dans cette rhétorique.
Logos
Le logos concerne la logique utilisée au sein du discours pour convaincre. La logique complotiste utilise plusieurs stratégies.
La première va être l’appel à l’ignorance. Comme on ne sait pas, ou qu’on ne sait pas tout, le raisonnement complotiste a autant de valeurs qu’une autre. On ne sait pas comment ont été construites les pyramides. Donc, l’idée que des aliens les ont créées et qu’on nous le cache devient légitime par défaut.
La logique complotiste se base également sur le postulat qu’il y a un complot qui va falloir démontrer. Cela est contraire à la démarche d’investigation classique (et idéale) : on assemble des preuves puis on arrive à une conclusion. Cela diffère également de la démarche scientifique classique, qui va élaborer une hypothèse, puis la tester, et la rejeter si les conditions ne sont pas bonnes, plutôt que de trouver une nouvelle explication pour maintenir l’hypothèse malgré l’absence de preuves.
Cela est facilité par la nature même d’un complot : par définition caché, et donc par définition sans preuve. Dès lors, l’absence de preuve peut tout à faire bien prouver qu’il y a un complot.
Les complotistes vont également faire eux un adage scientifique : l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence. Ce qui est vrai, mais qui est utilisé dans la logique complotiste comme une preuve potentielle de complot, et non pas comme une humilité épistémique.
D’une certaine manière, nous pouvons aussi parler de raisonnement circulaire, au sens où la preuve d’un complot est simplement la réaffirmation de ce complot. Il y a un complot, et la preuve, c’est que certains affirment qu’il y a un complot. Nous voyons souvent, par exemple, dans les sources que citent certains articles complotistes, des liens amenant vers d’autres articles complotistes, qui eux-mêmes citent le premier lien comme preuve. Le raisonnement circulaire appliqué aux sources.
Nous pouvons également voir un raisonnement par comparaison : COMME il y a eu des scandales réels dans le monde pharmaceutique, ALORS nous pouvons postuler d’un complot pour les vaccins covid.
Le raisonnement complotiste s’appuie également généralement sur l’explication monocausale ou de la cause unique. Un complot Illuminati gère le monde et permet d’expliquer tous les problèmes que nous avons. C’est simple. C’est précieux pour le cerveau puisque l’explication est claire. Mais bien sûr, le monde est plus complexe que cela. Cela se rapproche aussi de ce qu’on nomme l’appel au bon sens. Dans certains domaines, les recherches scientifiques ou les complexités techniques vont au-delà de nos perceptions intuitives de béotiens. Dès lors, une explication simple nous paraît bien plus convaincante, et peut être utilisée pour appuyer la validité d’une explication complotiste.
Enfin, un dernier point de la logique complotiste repose sur la causalité fallacieuse « non causa pro causa ». Après un biais de sélection pour choisir uniquement les événements pertinents, l’invention d’une causalité sera utilisée pour conforter la logique complotiste. (Attention à distinguer corrélation et causalité)
Plus d’infos sur ce sujet précis dans le site de monsieur Antonin Atger.
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