Péda : intelligence collective et scolarité

L’intelligence collective appliquée à l’enseignement
Pendant des décennies, et encore aujourd’hui dans certaines petites écoles, l’enseignement en classe multi-âges a été une réalité quotidienne. Ce modèle, qui consiste à regrouper plusieurs niveaux scolaires dans une même classe, présente de nombreux avantages tant sur le plan pédagogique que social développant ce que nous considérons comme l’intelligence collective. Autrefois répandu dans les écoles rurales, ce type d’organisation permettait aux élèves d’apprendre de manière plus fluide et naturelle, en s’appuyant sur l’entraide et l’écoute active.
L’un des principaux bénéfices de ce système réside dans la possibilité pour les élèves plus avancés d’écouter et d’assimiler des notions destinées aux niveaux supérieurs avant même de les étudier officiellement et peut-être éviter une partie des dyslexies. Cette exposition précoce favorise une meilleure compréhension des apprentissages et une transition plus douce d’une année à l’autre. De plus, les élèves les plus rapides peuvent aider leurs camarades en difficulté, renforçant ainsi leur propre compréhension tout en développant des compétences sociales précieuses comme l’empathie et la pédagogie.
Des pédagogies alternatives, telles que la méthode Montessori*, ont formalisé ces principes en regroupant les enfants par tranches d’âge élargies (3-6 ans, 6-9 ans, etc.), encourageant ainsi l’autonomie et la coopération. De même, les écoles Freinet* mettent en avant le travail collaboratif et le tutorat entre élèves, favorisant une approche active et participative de l’apprentissage. Dans certaines écoles démocratiques, les enfants évoluent librement au sein d’un même groupe sans distinction d’âge, apprenant les uns des autres selon leurs intérêts et leurs besoins.
Ce modèle n’est pas limité aux écoles occidentales et se retrouve dans différentes régions du monde. Dans les écoles des montagnes de l’Himalaya (Népal, Inde, Bhoutan), où il n’y a pas assez d’enseignants pour chaque niveau, les élèves plus avancés jouent le rôle d’assistants pédagogiques, apprenant tout en enseignant. Ils acquièrent non seulement des savoirs académiques, mais aussi des compétences pratiques adaptées à leur environnement, comme l’agriculture de montagne et l’orientation en haute altitude.
Les écoles indigènes d’Amazonie (Brésil, Pérou, Colombie) fonctionnent également sur un modèle d’apprentissage collectif. Dans ces communautés, l’éducation repose autant sur les matières classiques que sur la transmission des savoirs traditionnels, tels que la chasse, l’utilisation des plantes médicinales et la cosmologie indigène. Les élèves de tous âges apprennent ensemble, renforçant ainsi leur lien avec leur culture et leur environnement.
Un autre exemple est celui des écoles rurales du Chiapas (Mexique), où les communautés zapatistes pratiquent un enseignement collaboratif sans distinction stricte d’âge. Ces écoles, autogérées, encouragent les élèves plus âgés à devenir enseignants pour transmettre à leur tour leurs connaissances et contribuer activement au développement de leur communauté.
Au-delà des pédagogies alternatives, l’intelligence collective trouve également sa place dans les classes traditionnelles à travers des approches innovantes. Le travail en petits groupes, les projets inter-niveaux et les activités collaboratives permettent de rompre avec le cloisonnement rigide des années scolaires et d’exploiter le potentiel d’un apprentissage plus interactif.
Ainsi, le modèle des classes multi-âges démontre que l’apprentissage n’est pas qu’une affaire individuelle mais bien un processus collectif. En favorisant l’entraide, la transmission des savoirs et l’écoute mutuelle, il contribue à développer non seulement des compétences académiques solides, mais aussi des valeurs essentielles telles que la coopération et la solidarité. Il semble éviter que les plus rapides des élèves soient harcelés pour leur mode de fonctionnement (…).
Même si il est difficile d’envisager un retour en arrière aujourd’hui, le principe pourrait être intégré à l’instar des écoles précitées mais avec un complément que nous avons appelé les classes ouvertes qui libérera la charge de certains enseignants tout en permettant l’évolution des élèves.
(…)
* Ecoles à pédagogie active à ne pas confondre avec les écoles Steiner (anthroposophique) considérées comme sectaires par plusieurs organisme et notamment par l’un de ses plus grands anciens partisans, Grégoire Perra ou par Stéphanie de Vanssay (conseillère UNSA)